L’ALJ 93,« vendeur d’insertion »
– Et oui, l’intégrabilité ça se mesure. Pour l’ALJ 93, il faut que les habitants du camp parlent français et qu’ils aient de bons rapports avec les voisins, autrement dit qu’ils sachent « s’intégrer dans la ville ». Plusieurs autres critères rentrent en jeu dans la sélection: la scolarisation des enfants, l’existence ou non d’un projet professionnel voir « d’un projet de vie », leurs « motivations » pour rester en France et leurs liens avec les pays d’origine : moins ils en ont plus ils ont de chance d’être sélectionnés…. Les enquêteurs vérifient également l’état de santé, les casiers judiciaires, … . Quant aux données très personnelles qu’ils recueilleront, elles pourront être transmises à la préfecture.
Nous avons voulu en savoir plus sur cet organisme qui
sévit en ce moment même à Ivry. Un rapport d’Amnesty international de
septembre 2013 dénonce les pratiques de cette association.
– Selon Amnesty international toujours, l’ALJ 93 n’assure pas un diagnostic correct de l’état de santé des personnes. En effet, elle n’est jamais accompagnée de professionnels de la santé, les enquêteurs ne sont pas médicalement qualifiés et ils ne voient pas tous les documents médicaux alors que ce sont eux qui sont censés signaler les personnes vulnérables. Apparemment ce manque de compétence et le travail bâclé d’enquête ne sont que des détails pour eux car ils ont indiqué à Amnesty international qu’ils estiment qu’« une personne qui est malade ça se voit ».
Pour un autre aperçu du travail de l’ALJ93, nous
sommes allés fouiner sur le site de l’association «La Voix des Rroms»
qui décrit les dispositifs mis en place par l’ALJ en région parisienne.
– « Le « village d’insertion » de Saint-Ouen avait ouvert ses
portes en 2008 accueillant ou enfermant à chacun de voir, 19 familles,
heureux sélectionnés après l’expulsion d’un camp. Le gestionnaire de ce
« village » était l’ALJ 93 avec des financements conséquents dont 75%
sont alloués à la surveillance et au gardiennage (dans les prisons, ce
poste budgétaire représente environ 37% seulement du budget). 5 ans plus
tard, la matière première que sont les Rroms est abandonnée et invitée à
quitter les lieux.– Le bilan laisse songeur : 4 familles seulement sur 19 ont pu trouver une vie autonome. Quatre autres ont été transférées dans le « village d’insertion » d’Aubervilliers, géré lui aussi par la même ALJ 93. Quatre autres ont été virées pendant le projet, pour des raisons que nous ne connaissons pas de manière précise, mais dont on peut supposer qu’elles aient eu un lien avec le respect des règles drastiques de ce centre fermé (on ne pouvait pas y recevoir de la visite par exemple, y compris de sa famille proche). Enfin, les sept familles restantes devaient avoir quitté les lieux en juillet 2013, sous la menace d’une intervention de la police pour les déloger.
– L’ALJ affirme qu’ils n’ont « pas répondu aux critères de volonté d’intégration ». Pourtant, tous les enfants, scolarisés, parlent un français parfait, et une majorité d’adultes ont une maîtrise satisfaisante de cette langue. Beaucoup ont déjà des autorisations provisoires de séjour, certains ont des contrats de travail (dont un CDI, cette vieille chose qu’on ne voit plus souvent), et deux ont créé des petites entreprises. L’un d’entre eux a déclaré aux représentants de la ville qu’il s’était vu déchirer le K-bis par les « accompagnateurs » qui le « prenaient en charge », sous prétexte que cela n’était « pas intéressant » pour lui. Et des exemples similaires de bon « accompagnement » il y en a eu d’autres. Il ressortait de ces échanges que si la réussite du projet n’est pas au rendez-vous, ce n’est certainement pas faute d’efforts des « accompagnés », mais plutôt faute de volonté réelle de l’ « accompagnant ».
Autant dire que nous ne cautionnons pas les méthodes
de l’ALJ93 et que nous veillerons à ce qu’il y ait des propositions
correctes et adaptées pour toutes les familles qui habitent le camp
Truillot.
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