Les enseignants de l'école Victor Hugo
Ecole Victor Hugo
93400 Saint-Ouen
avec le soutien de RESF 93 Saint-Ouen
de la Ligue des Droits de l'Homme (Fédération 93)
et du MRAP 93 (Mouvement contre le Racisme et pour l'amitié entre les Peuples)
Contact : RESF 93 Saint-Ouen c/o Ligue des Droits de l’Homme Bourse du Travail
9-11 rue Génin 93200 Saint-Denis
mail: resfstouen@yahoo.fr/ 06 79 19 20 68
contact école : 06 61 47 24 80
A Madame le Maire
Cabinet du maire
S/C Mr Planque
Premier adjoint
S/C Mme Amédro
Maire adjoint à l'enfance
hôtel de ville
93400 Saint-Ouen
Saint-Ouen, le 30 novembre 2012
Objet : Situation des familles du village d'insertion 41 rue de Clichy à Saint-Ouen
Madame le Maire,
Nous accueillons depuis 3 ans dans notre école des élèves qui habitent avec leurs
parents le village d'insertion situé 41 rue de Clichy à Saint-Ouen.
Ces enfants suivent avec beaucoup de sérieux et d'assiduité leur scolarité dans notre
école. Ils sont passés de la classe d'initiation au français aux classes banales en
fonction de leur âge. Certains ont poursuivi leur scolarité à l'école Mandela ou au
collège Jaurès. L'insertion de ces enfants dans les établissements de la ville est pour
nous une réussite.
Aussi nous ne comprenons pas pourquoi les enfants eux-mêmes et leurs parents
expriment depuis quelques temps une angoisse et des doutes quant à leur avenir à
Saint-Ouen. Ils disent que l'ALJ, association mandatée par la mairie pour leur suivi
social, leur a demandé de quitter les lieux avant le 31 décembre 2012, sinon ils
seraient mis à la rue. Seules les familles ayant un titre de séjour et un travail seraient
relogées.
Lorsque nous avons interrogé l'ALJ, il nous a été dit que les familles n'avaient
respecté qu'une des trois conditions à la poursuite de leur suivi et de leur
hébergement à savoir la scolarisation des enfants. Selon l'ALJ, les familles n'avaient
pas rempli les deux autres conditions que sont le suivi de cours de français et
l'obtention d'un travail.
Or ces personnes de nationalité roumaine sont actuellement sans titre de séjour,
elles ne peuvent donc pas légalement travailler. Et peu d'entreprises acceptent de
leur proposer un contrat de travail et de s'engager dans une procédure longue et
aléatoire. Aussi, tant qu'elles ne sont pas régularisées, on ne peut pas leur reprocher
cette absence d'activité salariée.
Les familles sont très préoccupées par leur situation au regard du séjour. Certaines
d'entre elles se sont donc présentées à la permanence RESF, mais il a été difficile
de savoir où elles en sont car elles nous ont dit que l'ALJ avait leur dossier et ne leur
en avait pas donné copie. Nous espérons qu'elles pourront vite avoir des
informations précises sur ce qui a été fait ou non à propos de leur titre de séjour.
Pour ce qui est des cours de français, elles nous ont dit qu'en raison du manque de
place en cours, il leur a été demandé de choisir deux personnes par familles. Selon
elles, c'est la raison pour laquelle certains membres d'une famille n'ont pas pu suivre
les cours. Par contre, elles nous ont montré les attestations de suivis de ceux qui
avaient pu bénéficier de ces cours.
Force est de constater qu'on ne peut pas rendre ces personnes responsables de la
précarité de leur situation au regard du séjour et du travail.
D'ailleurs c'est la majorité des familles du village d'insertion qui n'ont ni titre de
séjour, ni travail et cela est dû à la législation qui leur est imposée.
En revanche nous attestons de leur forte implication dans la scolarité de leurs
enfants. Nous les connaissons bien, nous avons tissé des liens forts avec elles et en
retour elles ont tous leurs repères à Saint-Ouen. Aussi nous sommes inquiets du sort
qu'il leur sera réservé à l'échéance du 31 décembre et nous espérons que les
enfants pourront poursuivre sereinement leur scolarité à Saint-Ouen.
Cette scolarisation réussie est à nos yeux l'élément le plus important attestant de leur
bonne insertion.
D'autre part il serait absurde de constater que la circulaire interministérielle du 26
juillet 2012 prévoit la mise en place d'un diagnostic social, des mesures
d'accompagnement et la recherche de solutions alternatives pour les habitants des
campements et que ceux qui ont été accueillis dans un village d'insertion ne
bénéficient pas des mêmes garanties.
Nous espérons donc pouvoir compter sur votre engagement auprès des plus
démunis, et nous attendons une réponse qui soit à la fois juste et respectueuse de
leurs droits, ceux des familles, comme ceux des enfants.
Dans l'attente d'une réponse de votre part et éventuellement de la convocation d'une
réunion avec toutes les parties concernées, nous vous adressons l'assurance de nos
cordiales salutations.
Les enseignants de l'école Victor Hugo
copie à
Yassir FICHTALI, action sociale, politique d'insertion, Abdelhak KACHOURI, prévention
sécurité, Rémi FARGEAS, plan de déplacement, François GIUNTA, logement, Monique
TESSEYRE prévention santé, Gnamé BAGAYOKO.
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