jeudi 3 septembre 2015

ROMS DE SAINT-OUEN :

  ENFIN UNE RÉPONSE DU MAIRE !

Après six semaines passées sous les tentes place de la mairie, les Roms de Saint-Ouen ont enfin reçu, dimanche dernier, une réponse de monsieur le maire William Delannoy. Confronté au spectacle de l'extrême dénuement dans laquelle elles se débattent depuis l'expulsion du « village d'insertion » le 24 juillet dernier, le premier magistrat de la ville, en un élan sublime, a demandé à la préfecture qu'elle réquisitionne... les forces de l'ordre, à fin d'évacuation de la place et des alentours !

 



Les familles s'étaient pourtant installées dès samedi sur le côté de la mairie, libérant le parvis. Mais on peut lire ci-dessus qu'une « dizaine de personnes » continuaient d'y « vociférer » … Quoi qu'il en soit, les « vociférants » furent contraints de déménager, et de s'installer à côté de la paroisse Notre Dame du Rosaire, dans le quartier Garibaldi. Le lendemain, lundi, en plein après-midi, hommes femmes et enfants étaient une nouvelle contraints de quitter les lieux, suite aux menaces de la police. Le but d'un tel acharnement était bien entendu de harceler les roms, d'empêcher qu'ils s'installent plus ou moins durablement, de les « fatiguer » afin de les convaincre de quitter le territoire de la commune. Peine perdue : ils se sont réinstallés sur le côté de la mairie quitté la veille,  et ils s'y trouvent encore ce soir.

Mardi, partout en France et sur le campement également, c'était jour de rentrée des classes. Il fallait être là et voir sortir des tentes les petits, apprêtés, coiffés, habillés en dimanche pour cette première journée d'école ; il fallait lire dans leurs yeux les mêmes appréhensions, la même excitation que celles qui habitent tous les écoliers ce jour-là pour mesurer le caractère parfaitement stupide, irrationnel, insupportable de la situation.

LA JOURNÉE ILS VONT A L’ÉCOLE. LA NUIT ILS DORMENT DANS LA RUE.

Ils ne sont pourtant qu'une poignée de familles, celles sans hébergement aucun, même d'urgence, mais des familles qui tiennent plus que tout à rester à Saint-Ouen, parce que leur vie est ici, parce que leurs enfants sont scolarisés ici. Leur attachement à cette ville, des situations claires, des dossiers déposés, des demandes de rendez-vous auprès de la mairie, de la préfecture : rien n'y fait. L'actuelle équipe municipale, William Delannoy en tête, continue de se montrer hermétique, faisant preuve d'un autisme tout à fait incompréhensible face à une situation qu'il serait pourtant aisé de débloquer rapidement.

Plutôt que de se saisir de l'occasion qui lui est donné de prouver son humanité, ce même mardi, jour de rentrée, le maire de la commune a réitéré sa demande d'intervention des forces de l'ordre, et les familles ainsi que les membres du Collectif de Solidarité ont vu débarquer la police municipale, au moment même où les enfants, les parents, se préparaient à partir. Sur le chemin de l'école, pour eux : la voiture des policiers. Les « municipaux », comme souvent cet été, étaient venus prévenir de l'imminence d'une évacuation avec confiscation des tentes et de tous les effets personnels par la police nationale. Les enfants retrouveraient-ils, à la sortie des classes, leur déjà si fragile refuge ?

En lieu et place de cette opération, c'est la police montée qui rendit visite au campement. Un cavalier, très agressif, reprocha aux roms présents d'avoir mis à sécher du linge sur le grillage du parking, juste derrière les tentes. Ce qui séchait là, c'était les habits des petits, prévus pour l'école, le lendemain. Des vêtements qu'on fait sécher où, en l'absence de logement ? Peu importait, pour le fonctionnaire, dominé par l'idée de chasser les roms. Malgré ses coups de téléphone, il semblerait que sa hiérarchie n'ait pas voulu le suivre dans son opération de très basse police. Lui et sa collègue sont repartis, toujours à cheval, mais bredouilles.

Au bout de cette journée décidément bien riche en émotions de toutes sortes, nous avons pu, miracle !, nous adresser au maire en personne, William Delannoy, en chair et en os ! Tout bronzé, nouvelle barbe fraîchement taillée, il paraissait avoir bien profité des grandes vacances. Mais il n'est pas venu vers nous : il cherchait plutôt à éviter le contact avec les roms. Ce sont donc eux et les soutiens présents qui se sont rendus à sa rencontre, alors qu'il quittait la mairie en voiture.

S'ensuivit un dialogue de sourds, durant lequel le maire s'illustra par sa morgue et sa verve, grossière. Après avoir précisé qu'il « ne travaillait pas le couteau sur la gorge » (précision : la  situation administrative du « village d'insertion » et sa probable évacuation étaient connues dès 2013), il vociféra à son tour à l'adresse des membres du Collectif présents que « les roms, vous n'avez qu'à les prendre chez vous ! » L'abyssale profondeur de cette réflexion, avouons-le, nous laissa perplexes, nous qui ne confondons pas la mairie avec le café du commerce. S'ensuivit quelques sorties du même acabit, dont l'une restera dans les annales de la pensée municipale : William Delannoy, maire de Saint-Ouen-dit-Sur-Seine, se permit de dire à une maman « allez, va, t'as raison, utilise tes enfants »... Le tutoiement teinté de bêtise, et mâtinée de pensée rance : la seconde réponse du maire aux demandes, légitimes, des familles.

Aujourd'hui mercredi fut, en comparaison, une journée relativement calme. Pas d'insultes, peu de menaces, pas d'invectives de la part de William Delannoy. Demain ce sera au tour des collégiens et lycéens qui dorment sous les tentes d'opérer leur rentrée. Le Collectif de Solidarité avec les Roms de Saint-Ouen se montrera, à cet égard, tout aussi vigilant qu'il l'a été lors de la rentrée des petits.

Cela fera bientôt sept semaines que les familles dorment dans la rue, sans sanitaires, sans aucune aide que celle apportée par le Collectif, par droit au logement-Saint-Ouen, Entraides Citoyennes et tous les audoniens, audoniennes sensibles à cette situation plus que jamais insupportable.

Venez nous rencontrer, venez constater par vous-mêmes dans quelles conditions ces familles sont contraintes de vivre, du fait du silence de la mairie et de la préfecture.

ILS VIVENT ICI
 ILS TRAVAILLENT ICI
 ILS VONT A L’ÉCOLE ICI 
ILS RESTERONT ICI !

Le collectif.

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