Saint-Ouen : après le village d’insertion, 14 familles roms dans l’impasse
Nathalie Perrier | 15 Juin 2015, 18h36 | MAJ : 15 Juin 2015, 18h36Un balai à la main, Véronique nettoie la cour de l’ancien village d’insertion de Saint-Ouen. « Tous les lundis, on fait le ménage, on range… », explique Ciurar, le patriarche. Au fil des ans, les 14 familles qui vivent toujours sur ce site, au 41, rue de Clichy, ont pris leurs habitudes.
A l’origine, en 2008, ce village avait ouvert suite à l’évacuation du campement de la rue Ardouin qui était alors le plus grand bidonville de France (avec plus de 500 personnes). Il devait permettre à une vingtaine de familles, dûment sélectionnées, de s’insérer dans la société française. En 2012, lorsque la préfecture a mis fin au dispositif qui arrivait à échéance, sept familles étaient toujours sans solution. Elles ont depuis été rejointes par d’autres.
« Ça fait dix ans que je suis en France, dont huit ici à Saint-Ouen, témoigne Ciurar. Je faisais partie du projet d’insertion. J’ai fait l’école pour le français, je suis ferrailleur avec une entreprise, je travaille honnêtement, j’ai déposé une demande de logement… Mais, dix ans après, je suis toujours là, dans ce village, avec ma femme, nos 9 enfants et nos petits enfants ». A ses côtés, sa belle-sœur, Véronique, que nous avions rencontrée il y a deux ans au moment de la fermeture officielle du village (Le Parisien du 17 juillet 2013) opine. « Nos enfants sont nés ici. Notre vie, elle est ici ». Comme la plupart des enfants du village, Francesca, 12 ans, n’a connu que la France. « J’ai grandi dans le village d’insertion d’Aubervilliers, explique l’adolescente, scolarisée à Aubervilliers, et qui rêve de devenir policier. Je suis venue rejoindre mon grand-père à Saint-Ouen en septembre, après la mort de ma mère. La Roumanie, je n’y suis allée qu’une fois. Et ça ne m’a pas plu. C’est pas chez moi »
Sami, 12 ans, est arrivé à Saint-Ouen il y a seulement deux ans, mais pour rien au monde, il ne retournerait en Roumanie. « J’aime la France car ici je vais à l’école. Je suis au collège, en 6e En Roumanie, il faut avoir beaucoup d’argent, sinon on n’a pas d’avenir. Moi, je veux devenir avocat ».
Mais pour la Préfecture, « les familles qui sont là sont celles qui n’ont pas su profiter de l’accompagnement mis en place dans le cadre du programme d’insertion ». Dans quelques mois, le terrain où se trouve le village, désormais propriété de la société d’aménagement La Sequano, doit accueillir un des programmes immobiliers du futur quartier des Docks. Les travaux ont d’ailleurs déjà démarré autour du village.
« On veut bien partir, mais il nous faut un logement, martèle Ciurar. Sinon, on va aller où ? Dans la rue, avec les enfants ? ». Reste que leurs demandes ont peu de chances d’aboutir. « Il y a 90 000 demandes de logement actuellement en Seine-Saint-Denis, rappelle Didier Leschi, le préfet à l’égalité des chances. Il n’y a pas de raison pour qu’ils soient prioritaires ».
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