mardi 4 août 2015

Comme une lettre à la poste.

Mardi 4 août, 
 
11e nuit sous les tentes, place de la mairie. Toujours aucune réponse à notre demande d'ouverture d'une salle municipale. D'une manière générale le silence semble être la règle fixée par les autorités,ou bien c'est le mépris total: les délibérées attendus sont tombés aujourd'hui, le tribunal administratif rejette les requêtes concernant les familles. Selon Marie Cuilliez, leur avocate, ils n'ont "plus rien à attendre de la justice"... Les soutiens sont par contre plus que jamais présents, et plus nombreux chaque jour, comme le prouve ce texte.
 
 
 
 
 
 
 
Comme une lettre
à la poste
!


Immenses remerciements à Raphaël Glucksmann pour ce texte sombre et lumineux !

"Dans nos rues et sur nos places, relégués au fond de sinistres bidonvilles ou squattant des cabines téléphoniques hors d'âge, des milliers de miroirs hantent Paris.
Ils nous renvoient une image de nous-mêmes si difficile à contempler que nous refusons de les voir, préférant zapper leur existence, faire comme s'ils n'étaient pas là ou les blâmer pour leur misère.
La nature d'une société se lit dans le sort qu'elle réserve à ses marges. Les sans-abris en général et les Roms en particulier sont autant de reflets de la France et de l'Europe que nous sommes en train de construire ou plutôt de laisser péricliter.
Nous sommes un pays riche, mais une société bien pauvre si nous ne parvenons pas à trouver un toit à ces milliers d'enfants et d'adultes qui errent parmi nous. Nous avons un passé lumineux, mais un futur bien sombre si nous ne pouvons plus voir dans l'autre un semblable, dans l'étranger un proche, dans celui qui n'a plus rien un frère en condition humaine.
Notre nation mourra de ne plus être capable d'empathie. Et donc de solidarité. Nous nous recroquevillons sur nous-mêmes, ce que nous avons et ce que nous pensons être, cette fameuse identité qui ressemble de plus en plus à une prison pour le cœur et l'âme. Au bout du repli, il n'y a que la mort. Si nous voulons vivre, vraiment, comme citoyens et comme être humains, cessons d'ignorer les Roms, les sans abris, les sans papiers, ces sans rien qui portent la vérité de notre tout.
En les voyant, nous nous verrons nous-mêmes. En les aidant, nous nous aiderons nous-même. La chasse aux pauvres ne balaie pas la misère, elle creuse notre tombe à tous. "





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