Pour un moratoire immédiat des expulsions sans solutions de familles vivant en bidonville
Paris, le 20 juillet 2015
Un
grand nombre de bidonvilles est expulsé sans solution d’hébergement ou
de relogement pour les personnes, dans l’indifférence estivale.
Une
situation dramatique qui vient de frapper de plein fouet 450 personnes à
Nantes, 180 personnes à Marseille dont la moitié sont des enfants, 500
personnes à Chelles, 150 personnes à Ris-Orangis, 100 personnes à
Ivry-sur-Seine, 50 personnes à Aubervilliers, Bordeaux, le Havre et
Logne…
Une
situation dramatique qui pèse également aujourd’hui sur plus de 400
personnes à Grenoble dont 160 enfants, comme vient de le dénoncer le
maire de Grenoble dans une lettre ouverte au Président de la République,
mais aussi 240 personnes dont 100 enfants à La Courneuve, 300 personnes
à Saint-Denis, 200 personnes à Bordeaux, à Nantes…
Chaque
expulsion est un nouveau drame humain pour les familles qui sont
forcées de trouver, en urgence, un autre abri de fortune sur un nouveau
terrain ou dans les rues des grandes agglomérations en rompant avec
toute attache territoriale. Ces opérations policières ont des
conséquences humaines et psychologiques importantes pour ces familles
sans cesse sous pression. Elles aggravent la situation des personnes
en interrompant le suivi social et sanitaire organisé par les
associations. Elles renforcent également l’exclusion de nombreux enfants
en empêchant leur accès durable à l’école.
Chaque expulsion est un nouvel échec en matière de politiques publiques : qui peut encore croire que la destruction des bidonvilles fait disparaître la misère ?
Alors
que cette politique répressive a montré toute son inefficacité, le
Collectif national droits de l’Homme Romeurope et le Collectif des
associations unies demandent au gouvernement la mise en œuvre
immédiate d’un moratoire sur les expulsions tant que des solutions
dignes d’hébergement, de logement et d’accompagnement social ne sont pas
proposées aux familles.
En
France, en 2015, environ 20 000 personnes vivent en bidonville. L’accès
à des conditions de vie dignes et à l’insertion est possible pour ces
personnes si l’Etat et les collectivités locales se mobilisent. Il n’en
reste pas moins que la stabilisation des personnes et la sécurisation de
leurs lieux de vie (accès à l’eau, à l’électricité, ramassage des ordures, sanitaires) sont les conditions indispensables pour qu’enfants et adultes accèdent à leurs droits (école, emploi, santé…).
Comment suivre une scolarisation régulière, trouver et/ou garder un
emploi et être suivi médicalement lorsqu’on est condamné à l’errance ?
A
ce jour, la circulaire du 26 août 2012 qui prévoyait un accompagnement
social et une anticipation des expulsions n’a pas produit les effets
positifs attendus. Il est donc désormais impératif de rompre avec une
approche fondée sur les expulsions systématiques qui finissent par créer
les phénomènes qu’elles prétendent pourtant endiguer.
Le Collectif des associations unies et le CNDH Romeurope rappellent que notre
République est fondée sur le respect de la dignité et des droits
humains pour toutes et tous et qu’il est de notre devoir de proposer
ensemble un accompagnement vers l’hébergement et le logement aux
familles vivant aujourd’hui dans les bidonvilles.
Stoppons les expulsions sans solutions !
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